Jour 1 : Mardi 17 mars 2020
Nous y voilà, jour 1 du confinement pour lutter contre la propagation du corona virus.
Hier, courses hebdomadaires au supermarché, comme tous les lundis matins depuis plus d’une décennie. Ben oui, chez moi, le lundi matin c’est gym et courses… c’est comme ça pis c’est tout !
En général, vers 11h, heure à laquelle je pousse le portillon de ma superette carrefour, il faut avouer que le réassort en rayon n’est pas encore à son top level ! Les employés sont encore le nez dans les cartons, à genoux dans les rayons pour combler les trous laissés par les clients du dimanche matin.
Hier, bien que m’attendant à un jour de course pas comme les autres, la réalité a, comme à son habitude, dépassé la fiction !
Foule mais pas sentimentale, me bouscule pour rafler avant moi la dernière bouteille d’eau. Rayons : PQ, pâtes, sauce tomate, conserve, yaourts… totalement vides. Queue interminable en caisse, regards suspicieux, corps sur le qui-vive…
L’air est tendu, l’ambiance pesante, la peur presque palpable. Peur de l’autre, peur de manquer, peur d’être contaminé…En un jour ou pas beaucoup plus, le monde alentour a radicalement changé. Sensation d’être en guerre, ce que n’a d’ailleurs cessé de marteler notre Président, hier soir, s’adressant en direct à la Nation.
Du jour au lendemain, nous avons basculé dans un monde inconnu et anxiogène, soumis à vivre une situation qu’aucun de nous n’aurait pu imaginer.
Tout un chacun parle, souhaite, espère une solidarité sans faille mais dans le même temps, chacun se replie sur lui-même, pris au dépourvu comme une mouche dans une toile d’araignée, empêtré dans ses inquiétudes, questionnements, projections.
Il faudra du temps avant que nous acceptions vraiment ce qui vient de nous tomber dessus. Nous sommes dans un processus de deuil. Deuil de notre vie d’hier, deuil de nos familles, amis, collègues dont on est coupé sans vraiment savoir pour combien de temps au juste, deuil de notre travail, activité, deuil de notre quotidien et sentiment de la perte totale de contrôle de nos vies. Et pour cause !!!
Et le 1er stade du deuil c’est le déni! Ce qui explique le monde dans les parcs dimanche et la foule dans les marchés. Viendra ensuite la colère, la négociation, la dépression et, enfin, l'acceptation. C’est ainsi, c’est humain.
Hier était étrange mais aujourd’hui plus encore.
Sortant mon chien pour une mini-ballade, j’ai ressenti une ambiance pesante et inconnue : pas de bruit de circulation à part 1 ou 2 voitures, 2 ou 3 scooters presque anachroniques, rideaux baissés des commerçants. Quelques rares passants, masques sur le nez pour les plus prévoyants (mais où donc en ont-ils trouvé ???) ou écharpe pour les plus système D, se croisent du regard, un peu hagards, prêts à changer de trottoir ou à laisser une distance plus que respectable pour éviter une proximité désormais intégrée comme à risque (l’autre est toujours plus dangereux que soi-même).
Un sentiment de monde post-apocalyptique mais beaucoup moins cool que les films de SF !
Voilà pour aujourd’hui.
Il y en a au moins 14 autres de ce type qui vont suivre.
Prenez soin de vous.
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