J-16 : samedi 25 avril 2020
Ça va toi ?
Comme tu le fais probablement, en temps de confinement, on en profite pour faire des choses qu’on n’a pas faites depuis longtemps, qu’on avait repoussé aux calendes grecques sous des prétextes fallacieux ou tout simplement zappé par un manque de temps précieux.
Mais tout a changé, et du temps maintenant, on en a !
C’est pourquoi je me suis attelée à cette tâche-là:
Depuis qu’ils ont quitté le nid, l’étage de la maison, ancien royaume de mes enfants, est depuis longtemps désinvesti : leurs chambres désertées accueillant désormais séchoir à linge avec table et fer à repasser !
Reliant les 2, un petit palier accueille la bibliothèque colorée, elle aussi abandonnée depuis que la liseuse l’a remplacée.
Depuis des années un mur de photos encadrées surplombe un joli bureau en bois foncé qui complète le mobilier du palier.
Des photos de mes parents, de moi petite, de mes enfants, des amis, de quelques tranches de vie…
Il fait chaud à l’étage l’été, très chaud ! Et ça ne plait pas trop aux cadres photos. Au fil des années certains sont tombés, d’autres se sont disloqués…pas du plus bel effet !
Hier, cherchant à occuper la journée, l’urgence d’y remédier a pointé son nez.
D’abord, enlever un à un tous les cadres. Gratter à la spatule les résidus jaunâtres et collants laissés par la patafix. S’ensuit un lavage énergique mais pas vraiment magique…15 ans de vie ne l’a pas épargné !
Puis sortir chaque photo de son cadre démantibulé et les déposer là, en vrac, sur le bureau en attendant de les repositionner dans une autre configuration, histoire de changer !
Ça y est, le mur est propre et même si les marques laissées par les cadres ont résisté à mon lavage acharné, pas grave, les photos ré-épinglées, cacheront la misère avérée.
Alors alors, comment donc vais-je les disposer ?
Par affinités ? Celles du passé groupées ? Les plus récentes, ensemble ? Ou encore la famille, les amis, séparés ?
Après moult réflexion, j’ai décidé de tout mêler et de faire un pêle-mêle comme ça vient…c’est bien !
Bien sûr, tu connais ça, les photos te replongent instantanément dans le contexte : les souvenirs prennent corps, ce moment de vie précis, couché sur papier brillant t’invite immédiatement à revivre l’instant et sans que tu n’es aucune prise, une vague d’émotion t’emporte subitement.
Le pouvoir de l’image, tout comme l’air d’une chanson, peut être si puissant !
De ce méli-mélo de photos jonchant le bureau, certaines d’entre elles sont nettement au-dessus du lot.
Les unes appartiennent à ma vie de jeune femme et mère : mon fils bébé, une larme au bord de la paupière, photographié en noir et blanc par son père, ma fille âgée d’environ 4 ans posant dans mon atelier en marinière, petit collier de perles et son petit sac assorti, mon mari en cuisine, torchon en guise de tablier souriant à pleines dents sous ses bacchantes à la gauloise…
Les autres appartiennent à mon enfance et à mes parents : mon grand-père, bras levés dansant à la Zorba, moi vers 3-4 ans assise sur une barque tirée sur une plage que je présume italienne et bien sûr quelques une de mes parents prises avant ma naissance :
Sur l’une d’elle on y voit mon père jeune homme assis sur un muret dans un pose très actor studio et portant des chaussures bicolores… humm séduction garantie !
Sur une autre, très hollywoodienne aussi, ma mère jeune femme, épaule dénudée et regard de biche…humm très jolie !
En la retournant pour y fixer ma patafix je découvre quelques lignes de sa main adressées à son amoureux, son mari, mon père.
J’ai toujours aimé cette photo et peut-être l’avais-je déjà lu (sûrement même) mais je n’en ai pas souvenir.
Et voici ce qu’elle lui écrivait et qui m’a bouleversé :
« Dédiée au seul homme de ma vie à qui je dois l’extase de tous les élans d’amour, de sincérité, de profondeur, avec le ferme espoir de réciprocité dans toute la durée jusqu’à ce que mort s’ensuive d’une union durable, saine et fidèle. Ta femme chérie »
L’eau a abondamment coulé sous les ponts depuis lors et leur histoire d’amour a été très belle mais a fini par couler !
Ce sont des choses qui arrivent, c’est comme ça, c’est la vie aussi.
Peut-être te diras-tu que c’est un peu inconvenant, impudique, de te livrer ses mots aujourd’hui et je t’avoue que bien sûr, j’y ai réfléchi.
Tous deux sont partis depuis de très nombreuses années et je me suis dit que le moment était bien choisi, en ces temps confinés, pour parler d’amour et rendre hommage à ceux qu’on aime et qui nous ont aimés.
Je dédie donc ce billet à ceux qui m’ont donné le jour, moi, fruit de leur amour et dont l’absence ne dément pas combien je les aime en retour.
Et je ne pourrais pas m’arrêter là sans en profiter pour déclarer aussi tout l’amour que je porte, inconditionnellement et éternellement à mes enfants.
Prends soin de toi, de tes parents, de tes enfants.
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