Un coup côté droit, une coup côté gauche, à plat ventre, sur le dos….
Un coup d’œil au réveil...et l’heure tourne, indifférente au sommeil tant attendu.
Impossible de m’endormir.
Le corps trop tendu, le mental trop encombré d’idées qui se percutent comme des boules de billard sans relation entre elles, sautant du coq à l’âne, du plus important au plus négligeable.
Et pourtant j’aspire tant à dormir !
Heureusement, cela ne m’arrive pas souvent mais cette nuit, j’suis dedans.
Quelques granules de passiflore, une respiration contrôlée de pleine conscience, l’arsenal d’outils yoqgiques en ma possession...rien n’y fait vraiment, je continue à gigoter en tout sens espérant basculer enfin dans les bras de Morphée.
Alors me revient en tête un de mes lieux ressource, sans doute le plus puissant.
Ce lieu intime, ce refuge où règne le calme, la sécurité, l’insouciance et la joie et dans lequel, sans beaucoup d’effort, je peux me rendre simplement en m’y reconnectant.
J’ai 3, 4 ans tout au plus et nous sommes dans notre maison de campagne à Villers Agron, petit village rural de l’Aisne.
Je marche main dans la main avec mon père dans le jardin autour d’un massif circulaire de roses et de pivoines sous une tonnelle à ciel ouvert où courre du chèvrefeuille.
Le soleil du matin illumine la scène jouant avec les ombres des pétales rose pâle exhalant un parfum subtil qui se faufile subrepticement jusqu’à nos narines.
Le vent léger comme une caresse fait frissonner les feuilles d’un vert soutenu qui bruissent de plaisir.
J’entre-aperçois tantôt ma mère souriant sur le pas de la porte en bois rouge vermillon tantôt le saule pleureur à la longue chevelure vert tendre auquel je confie bien souvent mes secrets d’enfant.
Je sens ma petite main dans la sienne enlacée par la chaleur de sa paume et protégée par ses doigts comme un oisillon en sécurité dans le nid.
Lui, le buste légèrement penché vers moi, attentif à mon babillage d’enfant, les yeux plissés par un sourire amusé et tendre.
Moi, le corps tendu vers lui, fière comme Artaban, le saoulant de paroles pour ne pas risquer de perdre une seule minute de son attention, de sa présence, de son amour. Mon père, mon héros.
Quel doux moment, quel merveilleux sentiment qui, sans que je n’en ai conscience à cet instant, s’est gravé en moi à cette encre indélébile et intemporelle de l’amour paternel.
Peut-être, sûrement, au fil du temps et des années ai-je idéalisé, poétisé, sublimé ce moment...mais il a vraiment existé même si je l’ai subrepticement magnifié, à l’insu de mon plein gré !
Voilà mon lieu ressource magique, bon pour l’endormissement mais aussi pour calmer le stress...un anxiolytique pas cher, efficace et toujours disponible!M’y projeter m’apaise, me sécurise et favorise le lâcher-prise !
On dira ce qu’on voudra, l’enfance, quand elle a été belle, reste la plus douce des emprises.
Et c’est ainsi qu’enfin, le sommeil tant attendu m’est tombé dessus.
Merci Sophie, ça me touche!
Superbe ! On était avec cette petite fille et son père, on respirait avec elle l'odeur des fleurs... Essentiel de trouver des ressources dans des moments comme ça... Merci pour ce moment !!!!!
C'est si gentil ce que tu me dis!
C'est si beau comment tu écris !