la Bidouille
Je l'ai dit, j'aime cuisiner.
Mais j’ai un gros défaut : en matière d’approvisionnement je ne suis pas très rationnelle. D’autre part je n’ai que mon fidèle petit Frigo, et bien sûr pas de congélateur. En plus, j’ai une conception des quantités nécessaires et raisonnables extrêmement variable. Alors, faire les courses le moins souvent possible, c’est un peu le casse-tête.
Pourquoi ne pas faire une liste de menus, me direz-vous. Je m’y refuse catégoriquement. Je ne sais pas pourquoi, mais ça me paralyse, tétanise, immobilise ; ça devient sans surprise.
Je compense ces lacunes par une vérification systématique des dates de péremption et j’allonge le bras pour aller choper dans le rayon frais les paquets du fond.
Alors, aujourd’hui dimanche, dans mon bac à légumes je vois 3 courgettes, 1 tomate (mais pourquoi 1 SEULE tomate !!), 1 salade, et sur l’étagère supérieure 1 rouleau de pâte feuilletée.
Zou, direction l’ordi avec le blog j’aime trop manger. Ce blog-là, c’est de l’or en barre, du Michelin étoilé, de l’Ottolenghi en ami, du bonheur pour le porte-monnaie et pour les gens pressés (mais qui l’est encore ?). Voilà, j’ai trouvé une recette.
Mais allez donc savoir pourquoi, aujourd’hui c’est une journée bidouille.
C’est quoi la bidouille ?
C’est quand tu te mets soudainement à improviser, à bifurquer, à zigzaguer au lieu de suivre le mode d’emploi que quelqu’un a pris la peine d’écrire.
Alors la recette est devenue feu la recette. Au moment d’enfourner, j’ai quand même eu un léger (voire sérieux) doute sur le goût qu’aurait ma tarte tatin salée concoctée avec des trucs en plus et des trucs en moins. Eh bien, divine surprise, elle était excellente !
Sauf que maintenant il me reste UNE courgette et LA tomate.
La bidouille, c’est aussi au tricot.
C’est bien beau de vouloir adapter un modèle à sa sauce, mais ça demande un sacré travail de conversion. Le plus dur, c’est les manches … les manches arrondies !. Comme avec l’âge j’ai perdu ma facilité de calcul mental, j’ai maintenant une calculette, du papier, un crayon, et surtout une gomme, dans mon sac à tricot. Et je n’hésite pas à jouer les Penelope quand je me suis
trompée. En plus, des manches, en général il y en a deux. Il faut donc soigneusement noter comment a été faite la première au terme de multiples tentatives pour bien faire la seconde.
Le tricot est une véritable école de persévérance.
Voilà, c’est dimanche ; c’est le week-end ; il parait même que c’est les vacances.
Je me demande ce que je vais bidouiller pour me sentir en vacances.
Me promener en maillot de bain dans mon appart ? - Dormir sur un matelas pneumatique dans un duvet ? – mettre mes vêtements dans une valise ?
© Marie-Pierre Deloeil
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