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     Graines d'histoires

Photo du rédacteurMarie Wermuth

Déviation

Il paraît que désormais il y a des choses essentielles et d’autres pas !

Tout le monde sera d’accord avec le fait qu’avoir un toit au-dessus de sa tête, à manger dans son assiette et un peu de sous dans son porte-monnaie ...ça, c’est essentiel et personne ne dira le contraire.

La pyramide de Maslow, ça vous parle ?

Une fois cette Lapalissade énoncée, qu’en est-il du non-essentiel et de quoi se constitue la liste susnommée?


Le non-essentiel ces temps-ci c’est tout ce qui, aux dires de nos dirigeants, semble ne servir à pas grand-chose, voire à rien !

La santé du monde a édicté de nouvelles règles.

Peut-être sont-elles pertinentes du moins sont-elles entendables…

La santé, certes mais à quel prix et quid de la vraie vie ?


C’est ainsi que le monde sombre petit à petit dans la morosité, oscillant entre l’espoir que tout redevienne « normal » et la réalité qui semble le faire reculer indéfiniment.

9 mois !!!

Le temps d’un bébé !

De quoi le monde nouveau va t-il accoucher ?

La joie, l’insouciance, la liberté...l’avenir proche en sera t-il à nouveau émaillé ?

Le célèbre adage : Métro, boulot dodo prend aujourd’hui tout son sens (et encore tu peux rayer métro désormais associé à « dangereux »!)

La santé physique au détriment de la santé psychique...l’enclume ou le marteau, le choix est cornélien !


Mais bon, hein, de quoi tu te plains ?

Voilà qu’on nous accorde royalement 3h de sortie quotidienne à 20km de distance !

Alors ? elle est pas belle la vie ?

Et pour les fêtes, à nous l’Hexagone !

La liberté retrouvée !!!

Enfin jusqu’à 20h parce qu’après, couvre-feu oblige, tu ressors tes charentaises éculées depuis 9 mois et tu restes sagement chez toi ! Pas bouger hein ?

Excepté, le 24 et le 31 pour festoyer mais masqué et en comité compté!

Le 23 ou le 30, pas le droit !

Franchement, on dira ce qu’on voudra, les fêtes de fin d’année : y’a dla joie !

Mais revenons à l’essentiel : le non-essentiel !

Pour moi, leur non-essentiel qui est mon essentiel c’est pouvoir voir ceux que j’aime quand je veux et sans contrainte.

Peu importe qu’ils soient à 3km ou à 800.

Mon non-essentiel, c’est créer et son corollaire,exposer soit tout simplement pouvoir librement exercer mon métier.

Et là, n’y allons pas par quatre chemins, on est en train de crever !

Nous, les plasticiens, rares sont les fois où nous sommes nommés.

Et n’allez pas croire que j’en rajoute, c’est ainsi, c’est la triste vérité, nous nous sentons totalement oubliés.Avez-vous rien qu’une fois à la radio ou à la télé, entendu parlé de nous ? J’en doute ! Et pourtant nous somme légion à œuvrer dans nos ateliers, à nous échiner à exposer dans des coins plus ou moins reculés sans pour autant acquérir une quelconque notoriété .

Mais dans notre cour- car oui, il y a des cours : les artistes institutionnels en est une, visible, elle!- la notoriété,on s’en fout !

Le regard du public (j’entends par public le populaire, vous, toi, moi), oui,

l’émotion du public, oui, l’acte d’achat et par là même la reconnaissance, OUI !

Nous en avons besoin mais pour autant ce n’est pas le moteur principal de notre pulsion à créer. C’est juste vital comme le besoin de se nourrir ou de dormir. Cela nous anime et nous définit et c’est la place dans le monde que nous avons sciemment choisi au risque de galérer toute notre vie. Pas de trompette de la renommée, juste faire ce pour quoi on est né et vivre décemment de notre destinée.


Et puis, lire, aller au ciné,au théâtre, un petit resto de temps en temps, boire un coup au bar du coin avec les copains… Se faire plaisir, entretenir les liens , avoir des projets et pouvoir continuer à penser que la vie pourrait répondre avec générosité à quelques uns de nos désirs.


Peur, inquiétude, frustration, tristesse, résignation, colère, solitude, inégalités, dépressions, paupérisation...

Voilà notre essentiel désormais.

Rêves, espoirs, désirs, joies, partage, estime de soi... « l’essentiel » a balayé la poussière sous le tapis…

Le non-essentiel a péri avec la pandémie.


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