Il est déjà très tard… mes yeux papillonnent et se ferment sans crier gare.
Derrière mes paupières alourdies de sommeil le monde extérieur disparait en une fraction de seconde me reléguant dans un ailleurs informe.
S’extraire du canapé est déjà une gageure, se laver les dents une torture…Vite, rejoindre le lit, se glisser sous la couette et laisser le corps s’abandonner avec volupté à l’étreinte de Morphée.
Oh, que c’est bon !
A la lisière des mondes, j’adore cet état d’une semi conscience vagabonde.
Promesse d’un sommeil réparateur porteur d’une potentielle vie parallèle ou d’un vide abyssal, pas non plus si mal !
Je lâche prise …enfin… plus de maitrise.
Mon corps s’alourdit, ma respiration ralentit et s’approfondit…le monde, en une poignée de secondes, s’est évaporé pour laisser place à ce temps suspendu au gout d’éternité…qui demain matin verra un nouveau jour se lever.
Ce que j’ignore encore c’est ce que cette nouvelle nuit m’apportera, vers quelle aventure elle m’emmènera.
Où ? Avec qui ? Qu’est-ce qu’on fera ?
Qu’est-ce que mon inconscient me soufflera ?
Est-ce que ça répondra à mes questions ? Est-ce que ça dissoudra mes colères, mes tristesses, mes frustrations ?
Aurais-je de la visite ?
Ceux que j’ai perdu, ceux qui ont disparu, ceux que je ne vois plus, ceux que j’aime ou des inconnus ?
La nuit porte conseil si l’on en croit le dicton. Le conseil sera-t-il bon ?
Ce qui m’a longtemps posé question c’est si l’on rêve en couleur ou en noir et blanc ? Je rêve en couleur, c’est bien plus porteur !
Au réveil, j’en ai souvent oublié la teneur, ce qui reste est un sentiment, une impression comme Monet dans ces soleils couchants.
Certains sont plus prégnants, peut-être plus importants…
Il m’arrive de pleurer et me réveille alors avec la mâchoire crispée d’avoir probablement tant serré les dents.
L’autre nuit, par deux fois, j’ai ri ...ça m’a réveillé tellement ça m’a surpris !
Vous dire pourquoi, là, je ne sais pas mais c’était tellement bien que depuis, chaque soir, je croise les doigts pour revivre ça !
Et puis il y a des nuits qui n’en finissent pas.
Celles où le sommeil ne vient pas malgré la fatigue et sans savoir pourquoi. Alors on se tourne cent fois, regardant les heures défiler avec lenteur jusqu’au petit matin où Morphée vient enfin nous prendre par la main.
C’est étrange le sommeil…certains le fuient, d’autres s’y réfugient…moi j’y vois l’occasion d’une seconde vie où tous les possibles sont permis :
les lieux, les gens, le passé, le présent, tout se croise, se mélange, tout parait cohérent ou totalement délirant…
Un espace unique et singulier, un dedans/dehors -corps/psyché qui chaque nuit nous invite à remettre en perspective la vie.
Faites de beaux rêves mes amis.
Image de couverture: © Dominique Fortin
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